« Les désaccordés », de Joe Dunthorne

Faut-il parler d’un livre passé inaperçu… et qui est mauvais ? A priori c’est inutile dans le torrent de parution : l’ignorer suffit — il y en a bien d’autres à promouvoir qui ne sont pas assez remarqués — sauf s’il est symptomatique de ce qui se passe dans le champ éditorial et est présenté de façon appuyée comme une référence. Une appréciation négative permet  alors de tracer le périmètre critique.
J’ai découvert le nom de Joe Dunthorne dans un article de Ouest-France qui le présentait comme la relève de l’humour britannique anglais à la suite du décès de David Lodge. Eh bien, il faut reconnaître que soit la journaliste ne l’avait pas lue et s’est contentée des arguments promotionnels de l’éditeur, soit elle a des goûts de… Bref, Les désaccordés est un livre navrant, peu drôle, très poussif, parfois vulgaire, trop long. Il y a bien eu quelques maigres pages où on se dit « ah tiens, ce n’est pas qu’une comédie de mœurs à la Woody Allen, ça ambitionne d’être un roman sur la pleutrerie, le pathétique de l’homo modernicus… », mais non, même pas. C’est juste un mauvais roman potache, comme ces sous comédies de fond de catalogue Netflix. Alors voilà : si c’est cela la relève de David Lodge, c’est à pleurer, et on attend de pied ferme qui relèvera le gant en terme d’humour (britannique ou non) intelligent, exigeant, de satire sociale, de vision ironique sur le monde…
Pourquoi les éditeurs achètent-ils (à l’aveugle ?) des titres étrangers, qu’ils font traduire à grands frais, au lieu d’aider la création française qui ne manquerait pas de réels talents, mais à qui on refuse pourtant tant des a-valoir (au prétexte que l’humour ne se vendrait pas) que du soutien ? Pourquoi l’humour étranger mauvais est-il mieux considéré que la littérature humoristique française qui, elle, est toujours méprisée, même lorsqu’elle est de qualité ? Pourquoi, bon sang, pourquoi ?

Présentation de l’éditeur : Ray Morris est un journaliste free-lance au physique banal, un londonien de classe moyenne légèrement paranoïaque entouré d’amis choisis et fidèles et d’une femme très enceinte, Garthene. Ray est le genre d’homme à n’avoir jamais vraiment trompé sa femme. Il n’a jamais reçu de coup de poing au visage. Il n’a jamais participé à une émeute, ni été recherché dans tout le pays, ni arrêté par la police, ni haï sur internet par le monde entier. Du moins pas avant l’été 2011, où les rues de Londres et son mariage partent en flammes. Ray ne le sait pas encore, mais il va bientôt découvrir qu’il possède un véritable talent pour le pire.

Cet article a été écrit par Francis