Étonnant constat… Dans son article > L’industrie du rire, ou le commerce des « nokats » (*) à la libanaise, Claire Gebeyli, journaliste à L’Orient-Le Jour traçant un portrait de l’humour arabe dans le cadre > d’un copieux et intéressant dossier consacré au rire au Liban nous explique qu’ « Au centre de cet Orient menacé par les envahisseurs et si souvent déchiré par les événements, les peuples arabes oubliaient souvent jusqu’au simple sourire. Si, en effet, dans le grand fleuve de la littérature humoristique, les noms d’Aristophane, de Rabelais, de Jonathan, Swift, de Mark Twain, de Lewis Carroll concrétisent la verve et la galeté de leur pays d’origine, les lettres arabes sont peu riches en géants d’insolence. Exception faite de l’œuvre de Jahiz, et de quelques rares autres, les livres amusants sont loin de former une bibliothèque. La littérature arabe ne possède pas de personnes comparables à Pantagruel, Sancho Pança, Falstaff ou Gulliver… Des siècles durant, ce sont les dits et récits des héros populaires et les improvisations des chanteurs de jazal qui suffisaient à dérider les fronts et dénoncer les fautes. On dirait que la tendance lyrique de l’âme orientale a freiné toute tentative de briser le carcan des soupirs séculaires. »
(*) Nokats : histoires drôles que l’on se raconte avec délices, parfois sous le manteau, et qui courent de ville en ville. Rien de tel pour lutter contre la dépression collective…