[archives lettre] ÇA A COMMENCÉ COMME ÇA (n°1 – 1er avril 2022)

ÇA A COMMENCÉ COMME ÇA

VIS COMICA est un très vieux projet. J’avais exactement 10 ans (en 1972) et mon grand-père (immigré polonais qui baragouinait le français) venait de m’offrir mon premier dictionnaire (de français, c’est ça l’intégration), le Larousse édition 1971 noms communs / noms propres (ci-dessus. Il me sert désormais à caler ouverte une fenêtre l’été). J’étais heureux comme un gamin de maintenant qui peut aller grâce à son pass culturel se payer un téléphone pour aller sur Tik-Tok regarder des nombrils se tortiller sous des crop-tops… et je passais des heures à bouquiner mon Larousse. J’en décidai même de lire une page au moins chaque jour… ce que je fis, avant d’arrêter (mais je ne sais plus à quelle lettre de l’alphabet, mais pas toutes. Il doit du coup me manquer des pans entiers de vocabulaire, et c’est peut-être aussi pourquoi lorsque je m’exprime on me dit que je devrais finir mes phrases). Mais surtout, tôt, je tombai sur les fameuses pages roses. Aucun rapport avec les pages lingeries du catalogue de La Redoute (car on en était là à l’époque !), c’étaient les pages des locutions latines. Elles me fascinèrent. Vers la fin, l’une d’entre elles me marqua plus particulièrement : « Vis comica ». Pourquoi celle-ci ? Je n’en sais rien.
À l’époque je ne savais pas que je ferai mon métier de l’écriture et de ses à-côtés. Je ne savais surtout pas non plus que dans ce cadre je me retrouverai « spécialisé » peu ou prou dans l’humour, voire que souvent celui-ci me permettrait bien des fois de modestement gagner ma vie. Vraiment, j’ignore pourquoi, mais voilà : « vis comica » fut avec « morituri te salutant », l’expression que je retins. Morituri, etc., je l’avais déjà lue dans Astérix, mais passons. On peut chercher à expliquer a posteriori. Il dut y avoir un effet de causalité : l’humour comme arme liée au désespoir du condamné dans l’arène de la vie — un truc simple et lyrique dit comme cela…

Des décennies plus tard, il me vint l’idée de créer VIS COMICA, la revue littéraire — projet serpent de mer que je ressortis en écume à chaque fois qu’il me semblait sentir le vent et la marée favorables — , et même l’idée d’une collection VIS COMICA et d’une revue VIS COMICA type NRF exclusivement axées sur l’humour littéraire tous pays toutes cultures, anciens et modernes, avec l’aide de ce fou d’écrivain hilarant qu’est l’ami Jean-Paul Carminati, et dont j’aurai l’occasion de reparler. On s’est même cogné lui et moi un beau dossier de présentation du projet pour convaincre un éditeur qui avait fait fortune grâce à un polar merdique, et qui, sans imagination, cherchait des idées pour dépenser son argent sale — et à qui, donc, on voulait piquer les sous pour créer le bunker de notre cause : celle de l’humour écrit, littéraire, de qualité, exigeant, et pour dépoussiérer de grands anciens et promouvoir de jeunes contemporains. En vain. Personne ne nous suivit. À vouloir piéger le gros poisson, on sentait peut-être trop le varech. Allez savoir.
Puis le monde de l’édition m’a oublié tandis que je ne les supportais plus. C’est un truc au moins sur lequel on s’est entendu.
Les années ont filé comme les bas des traductrices de chick-lit sous payées ou ceux des pauvres éditrices de blogueuses influentes, mais je caressais toujours de temps à autre l’idée de créer en solo un blog, un site web, un magazine VIS COMICA… Chaque fois, cela retournait dans mes tiroirs déjà plein de projets avortés : j’avais mieux à faire, il fallait gagner sa vie — et ça, ça ne rigole pas, car le reste, disent-ils, n’est que littérature.
Il y a quelques mois, j’ai lu en plusieurs endroits que des newsletters très ciblées sur des sujets de niche cartonnent. Une sorte de pied de nez à la presse qui décline, aux éditeurs qui n’osent pas. Pourquoi pas une newsletter ? Pourquoi pas VIS COMICA ? Car VIS COMICA, j’y crois encore : on m’a toujours demandé des conseils en livres humoristiques. Nombre de lectrices et lecteurs cherchent parfois en vain de quoi rire sérieusement, avec intelligence. Or, rien n’est identifié clairement… On tâtonne. On se tâte devant la gondole du libraire. On tâterait bien le libraire aussi pour le chatouiller, mais la loi ne plaisante pas. On lit les 4e de couverture de bouquins douteux qui en font des tonnes et mettent faussement, ces fourbes, le mot « hilarant » en début de curseur… Bref, entre amateurs de rire exigeant, il faut qu’on se refile des tuyaux.
Voici donc la newsletter VIS COMICA (en majuscules, toujours, car c’est sérieux et puissant l’humour). Elle se veut être la « newsletter du comique écrit ». Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de talent comique, qu’en littérature. Il y en a en journalisme. Il y en a dans les essais… Il y en a sur le web… Il y en a dans des archives, souvent involontaire. Le seul critère de sélection qui aura court ici (certes subjectif) seront la qualité de l’humour, la finesse de l’esprit.
En somme, ce sera vraiment du genre « Non mais, tâtez-moi cette étoffe ! »
Je sais qu’il existe autant d’humours que de personnes, et que ce qui peut faire rire l’un ne fait pas forcément rire l’autre. Oui, oui, je sais, je sais… Eh oui, VIS COMICA reflétera en un premier temps mes choix, toutefois j’espère que très vite vous me suggérerez des pistes qui élargiront mon horizon comique comme j’espère, je vais essayer de le faire modestement pour le vôtre. L’idée sera dans un sommaire mensuel fluctuant de présenter un truc récent, un vieux truc, un machin chipé, des choses devenues drôles avec le temps, des liens de lecture (de préférence pas cassés), des extraits… De vous donner envie aussi d’acquérir les ouvrages cités dont je vous présente des extraits… Et pourquoi pas des collaborations bénévoles sous forme d’articles ou de nouvelles inédites (qui seront payées, dès que la newsletter qui vise à se développer et à devenir payante et rentable via les soutiens qui pourront accéder à des avantages premium platine V.I.P. priority que je n’ai pas encore imaginés).
Assez bavardé : voici donc le premier numéro. Il est certainement imparfait, mais cela s’améliorera. D’ailleurs, n’hésitez pas, encore une fois, à m’adresser des suggestions. Il le faut, même, parce que j’aimerais ne pas m’être cogné les pages roses du dictionnaire pour rien,
parce que j’aimerais que VIS COMICA se développe,
parce que j’ai des projets pour l’avenir de cette newsletter et pour les soutiens…
parce que merde, quoâ.
Bonne lecture
qui deridetis te salutant
Francis


Merci aux premiers soutiens : François S., Fanny B. > Rejoignez-les !
Ils vont recevoir (pour commencer) vu l’ampleur de leur soutien un exemplaire — rarissime et c’est vrai (certains vendeurs le proposent à 180€) — du livre comique que j’ai écrit avec Jean-Bernard Pouy (et dont je récupère patiemment chaque exemplaire en circulation) il y a quelques années 
« Alphonso Vermot y Carambar, inventeur de la devinette » aux (disparues) Éditions Jean-Paul Rocher.   


C’EST (drôle et) NOUVEAU

Pour ce premier numéro je voulais vous trouver le dernier roman à pleurer de rire pour VIS COMICA, mais ayant fouiné dans les nouveautés, je n’ai encore rien trouvé qui en soit digne (mais pour la prochaine lettre, si), alors je me suis rabattu avec bonheur sur les « Lettres de burn out – L’art délicat de jeter l’éponge » de Jean-Luc Coudray, sorties en octobre 2020 (ce n’est pas trop vieux comme nouveauté, ça ira ?) chez l’éditeur WOMBAT qui est spécialisé dans le comique exigeant, et dont, j’imagine j’aurai l’occasion de reparler. La 4e :

L’existence est devenue trop dure : tout le monde jette l’éponge. Un président de la République renonce au pouvoir, un spectateur arrête de voir des films, un psychiatre fuit ses patients, une petite fille refuse de grandir, un cosmonaute ne revient pas sur Terre… Mais encore : un arbre arrête de pousser, un avion refuse de décoller, un nounours en peluche ne veut plus être gentil… Parents, enfants, employés, PDG, médecins, CRS, automobilistes, artistes, animaux et objets, tous s’effondrent. Ces cinquante lettres (pas une de plus, l’auteur ayant eu un coup de barre) caustiques, parfois poétiques ou cocasses, sont autant d’invitations au « pas de côté », où chacun revendique alors son droit au lâcher prise et au parler vrai. Car l’écroulement est un moment de lucidité. Ces courriers disent enfin tout, avec une sincérité frontale dont notre époque n’a pas l’habitude. Or, dans notre société de performance, le véritable courage n’est-il pas de craquer ?

Elles ne sont pas toutes très drôles ces lettres, mais on sourit toujours, au moins. Très écrites, et d’un humour souvent grinçant (mes préférées : « Le médecin qui refuse de soigner le mal de ventre », « Un artiste contemporain tente d’arrêter l’art contemporain », « Un chasseur abandonne la chasse », « Une femme arrête d’être féministe » (avec cette dernière, Coudray joue avec sa vie, mais il y a des arguments étonnants…).
Je n’ai pas le droit, mais voici quand même un exemple de lettre, on appelera cela « des bonnes feuilles »). C’est la première lettre de l’opus qui est à lire avant d’aller bientôt voter.

(Cliquez sur la 1ère page. Vous pouvez les faire défiler avec les flèches de côté pour lire. Vous pourrez en sortir en faisant « escape » ou en cliquant sur la petite croix en haut à droite.)  

Coudray a écrit aussi en 2020 des « Lettres d’engueulade – un guide littéraire », chez l’Arbre Vengeur, mais ma libraire vient seulement de me le procurer.
Ça a l’air vraiment très savoureux, jubilatoire et teigneux. Je lis ça, et je vous en parlerai.  
(
Parution : 8 octobre 2020 Couverture de François Ayroles « Les Insensés » nº41 192 pages –16 euros – ISBN : 978-2-37498-182-6).


ÇA AUSSI C’EST (drôle et) NOUVEAU

Autre ouvrage que je voudrais signaler, c’est celui de l’ami nantais écrivain (et humoriste à la carrière de sketchman, d’auteur de pléthores de spectacles) aussi adorable que modeste qu’est Jean Pezennec et son « Tarte aux phrases », un recueil d’aphorismes chez le fort recommandable Cactus Inébranlable éditions, éditeur belge qui publie bien des belges surréalistes (pléonasme) des plus haute volée et réputation. Jean a déjà eu les honneurs de Ouest-France, mais il a maintenant celles de VIS COMICA et sans doute ne l’imaginait-il pas dans ses rêves les plus fous. En vérité, je n’aime pas les recueils d’aphorismes (hormis Les Pensées de Pierre Dac, et quelques rares illustres…). C’est en général pesant : l’auteur y assène des réflexions sur la vie, la mort qui approche, les femmes, l’amour, les imbéciles (nombreux à travers les siècles), la vanité des choses (les fameuses neiges d’antan de Villon) et l’écriture avec des airs profonds et prétentieux de mec qui a soudain pris un recul puissant comme d’autres le bus en pleine face. Aussi, lorsque Jean m’a envoyé le sien, j’ai tiqué, voire hésité à l’ouvrir (honte à moi de penser qu’il aurait commis comme tant d’autres les mêmes erreurs ! Pardon, Jean)… Et en fait, je me suis régalé. Tout en s’adonnant aux règles du genre (voir les sujets supra, entre autres), émaillé d’histoires brèves, il grince et ricane, et fait jubiler, avec un esprit comme on aimerait en lire plus souvent, des jeux de mots souvent bien subtils, tout en alternant à la méthode de la douche dite écossaise. Parfois on songe au « Dictionnaire du diable » d’Ambrose Bierce (on en reparlera sans doute un jour, de ce monument, et de Bierce aussi), ce qui est un beau compliment, merde quoâ. Des exemples, il y en aurait de très nombreux, en voici quelques-uns :

« Automobiliste : partisan de l’économie de marcher ».
« C’est promis, si un jour je rencontre Dieu, moi qui depuis si longtemps nie son existence, pour me faire pardonner je l’inviterai chez moi et sortirai en son honneur mon plus beau service athée ».
« C’est l’histoire de deux tribus indiennes qui, dans l’incapacité de fumer le calumet de la paix à cause de la législation anti-tabac, doivent continuer à s’entretuer jusqu’à la fin du film ».
« Comment dit-on en langue des signes
Au commencement était le Verbe ? »
« Ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain, soyez écoresponsable, gardez l’eau et réutilisez-la ».

Et une question d’actualité, qui forcément nous intéresse : « Après l’apocalypse nucléaire, existera-t-il encore parmi les survivants des humoristes désireux de faire rire leurs semblables ? ».

Difficile de rendre compte, car l’ensemble, qu’il vaut mieux dévorer à la suite que picorer modestement, progresse en timide qui cache ses réflexion et profondeur, et il y a souvent de quoi penser en riant jaune. J’y ai même vu des allusions (voulues ou non ?) à Céline, Rimbaud, sinon Eddy Mitchell ! Bref c’est presque pop et ça ne fait pas pschitt (haha, elle est bien ma punchline). Cet ouvrage qui se paie malicieusement le luxe de « boucler » (l’aphorisme du début fait écho à celui de la fin), révèle sa recette > ici. Certes, aujourd’hui on peut trouver de telles perles en s’abonnant aux comptes Twitter de certains écrivains : mais voilà, face à l’évanescence numérique, les écrits de papier, eux, restent, et on peut revenir dessus. Profitons : cette époque ne saurait durer.
(Parution printemps 2022 – 84 pages – 10 € – ISBN : 978-2-39049-055-5)


C’EST (drôle et) VIEUX (et c’est hélas d’actualité)

L’abominable tragédie ukrainienne m’a rappelé que j’avais lu un ukrainien célèbre, jadis, qui avait eu du succès en France. Vous le connaissez peut-être, c’est Andrei Kourkov et « Le Pingouin » : « À Kiev, Victor Zolotarev et le pingouin Micha tentent péniblement de survivre. Victor, journaliste, est sans emploi et Micha, rescapé du zoo, traîne sa dépression entre la baignoire et le frigidaire de l’appartement. Lorsque le patron d’un grand quotidien offre à Victor d’écrire les nécrologies – les « petites croix » – de personnalités pourtant bien en vie, Victor saute sur l’occasion. Un travail tranquille et lucratif. »

L’humour de Kourkov est froid, clinique et on peut ne pas y être sensible… sans doute faut-il vivre en absurdie pour en saisir aussi toute l’essence. Ici, on parlerait d’ambiance quelque peu kafkaïenne ou surréaliste. Mais il convient de saluer l’esprit ukrainien en lisant Kourkov ; voilà qui les fait vivre.
Les premières pages, en capture d’écran ebook (Cliquez sur la page. Vous pourrez en sortir en faisant « escape » ou en cliquant sur la petite croix en haut à droite) :

Le pingouin étant un motif burlesque, ou grotesque, ou drôlement pataud, récurrent, je me suis souvenu que j’avais lu jadis un vieux truc aussi de l’écrivain humoristique Robert Benchley (décédé en 1945), qui fut durant sa carrière entre autres des meilleures pages de Vanity Fair, de Life et du New Yorker (j’en reparlerai aussi un jour de ce satané Benchley) et qui a écrit aussi à propos du volatile qui ne vole pas (ou si ? Je ne sais plus. les pingouins et les manchots, c’est comme les goélands et les mouettes, on confond, et après on s’étonne qu’ils hurlent)). Sa « Psychologie du pingouin et autres considérations scientifiques » (rééditée en 2002 chez Le Dilettante) est un recueil de courtes chroniques décalées ou absurdes… : « Mes expériences avec les pingouins du zoo du Bronx ont été superficielles, certes, mais fort sympathiques. Un livre sous le bras, je me suis rendu à la piscine dans et autour de laquelle ils ont pour habitude de se promener et ai simplement engagé la conversation avec eux, de gentleman à gentlemen. Je ne prétendrai pas qu’ils ont fait le premier pas, mais plusieurs d’entre eux ont accepté des cigares (Coronas) et même de boire un petit coup – servi dans un grand verre (pas de glace, merci, avec de l’eau plate). Au bout du compte, ils ont consenti à répondre à quelques questions après avoir reçu l’assurance qu’il n’y avait pas de journaliste dans le coin. » Le recueil de 14 chroniques nous parle aussi d’un homme qui espionnait les anguilles, émet des considérations sur les polypes, dément que le hoquet fait grossir, et d’autres délires… On se rend compte que la science sans conscience est peut-être la ruine de l’âme, mais c’est tout de même amusant, avec aussi une touche vintage de désuet.
La première chronique :
(Cliquez sur la 1ère page. Vous pouvez les faire défiler avec les flèches de côté pour lire. Vous pourrez en sortir en faisant « escape » ou en cliquant sur la petite croix en haut à droite.)  


C’EST (drôle et écrit) EN LIGNE

Vous connaissez peut-être le réseau social professionnel Linkedin. C’est assez ennuyeux : tout le monde veut du travail, gesticule pour s’y faire remarquer, pour avoir l’air intelligent et compétent. On y relaie des infos professionnelles plombantes ou des professions de foi de cadre en futur burn out. Dès que quelqu’un s’adresse à vous, vous avez peur d’avoir à le salarier sous la contrainte. Royaume des coachs à deux balles sur-dynamisés qu’il conviendrait de passer sous sédatif pour le bien commun, des égos taille yacht d’oligarque, des mecs et des nanas qui ont des titres ronflants pour des boulots creux en plein bore out mais qui se veulent winner… C’est épuisant. Mais dans ce fatras souvent inculte il y a parfois des gens qui sortent du lot. Et notamment un certain Louis Xavier Babin Lachaud, « Ghostwriter – Conseiller littéraire et éditorial indépendant – Coach littéraire » (que je ne connais pas, mais on est en relation semble-t-il. Avec ces réseaux on va se découvrir un jour pacsé malgré soi avec des bouches à nourrir). On pourrait vu la présentation, craindre le pire… Eh non ! C’est un compte à suivre absolument. Publiant quasiment chaque jour des anecdotes, souvent historiques et littéraires ou en relayant, il y a à lire chez lui des choses vraiment bien drôles et c’est délicieusement cultivé et plein d’esprit (et il réussit son coup : cela donne confiance pour faire appel à ses services). Allez, je lui ai piqué ça parmi tant d’autres :
Après la guerre, Clemenceau habitait un appartement au rez-de-chaussée de la rue Franklin, à côté d’un collège jésuite (qui existe toujours), Saint Louis de Gonzague, ce qui pouvait augurer de curieux rapports de voisinage quand on connait le vigoureux anticléricalisme dont le Tigre faisait preuve. Un arbre du collège faisant de l’ombre dans son appartement, Clemenceau demanda à un ami de s’entremettre pour obtenir des jésuites qu’ils remédient au problème en élaguant l’arbre un peu trop intrusif à son goût. Ce qui fut fait avec célérité. Clemenceau prit alors la plume pour exprimer ses remerciements au supérieur du collège : « Je vous remercie, mon père. Je peux bien vous appeler ainsi puisque vous m’avez donné le jour. » La réponse ne tarda pas : « Je suis heureux d’avoir pu vous rendre ce service, mon fils. Je peux bien vous appeler ainsi puisque je vous ai montré le ciel. »

Ce texte me fait d’ailleurs penser à l’excellente « Anthologie de la répartie » qui sévit sur Twitter, Un exemple…
Et puis tenez, un autre billet de Louis Xavier Babin Lachaud (je me lâche puisqu’il rend tout cela lui-même gratuit et public, mais je vais le prévenir). C’est exactement ce genre de choses que je publierai parfois ici dans la rubrique C’EST (drôle car c’est) OBSOLÈTE :
Passé à la postérité grâce à son roman « Paul et Virginie », Bernardin de Saint-Pierre était aussi un scientifique, admirateur des théories sur la Providence de Rousseau, raillées en leur temps par Voltaire. Celui qui fut intendant du Jardin des Plantes et du Cabinet d’histoire naturelle nous a laissé, il est vrai, dans ses « Études de la nature », quelques morceaux de bravoure :
— Les chiens sont d’ordinaire de deux teintes opposées, l’une claire et l’autre rembrunie, afin que, quelque part qu’ils soient dans la maison, ils puissent être aperçus sur les meubles, avec la couleur desquels on les confondrait.
— Les puces se jettent partout où elles sont sur les couleurs blanches. Cet instinct leur a été donné afin que nous puissions les attraper plus facilement.
Et ma préférée, peut-être : « Le melon a été divisé en tranches par la nature afin d’être mangé en famille ; la citrouille, étant plus grosse, peut être mangée avec les voisins. »
Leibnitz avait raison, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.


C’EST (pas drôle, car c’est déjà) FINI !

Rendez-vous le 1er mai. Il y aura un édito plus drôle, et j’essaierai, plus court, de semblables rubriques, et/ou d’autres, différentes. (Il y aura aussi de la pub pour mon nouveau roman humoristique auto-édité qui sera enfin arrivé de chez l’imprimeur). Enfin, vous verrez bien. En fait, on n’est pas là pour se faire emmerder, mais pour voir le défilé.
En attendant vous pouvez toujours écouter mes podcasts : > ici « Le Documenteur » et > là « Mais de quoi tu me parles ? » (je ferai de nouveaux épisodes un de ces quatre, promis).
> N’hésitez pas à me faire remonter vos remarques et suggestions.
>>> Abonnez-vous à VIS COMICA c’est gratuit, faites abonner les âmes perdues en expliquant que c’est gratuit, voire soutenez (*) VIS COMICA ! À bientôt. 

(*) Ça veut dire des cadeaux, des trucs que je ne sais pas encore quoi, l’accès à un forum pour tchatcher et se refiler des plans lectures, etc.


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