L’excellente collection « Payot Voyageurs » et la « Petite bibliothèque Payot Voyageurs » regorgent de pépites. Récits de voyages très sérieux, recensions d’expéditions, d’explorations, écrits d’anthropologues, de sociologues… souvent tous plus passionnants les uns que les autres. Et puis il y a toute une galerie de farfelus qui parodient le genre souvent d’une façon relevant de la haute volée humoristique : Redmond 0’Hanlon, Nigel Barley, Bill Bryson (lequel est qualifié de « Payot irrésistible » et à sa propre identification dans la collection), Mark Twain, Edith Wharton… (sachant que Payot a le bon goût d’avoir une sélection par ailleurs d’humour en littérature où l’on déniche de la qualité — c’est rare et à saluer ici). Or, il y en avait un parmi ces « voyageurs », a priori devenu un classique que je n’avais curieusement pas encore repéré : À l’assaut du Khili-Khili, de William Ernest Bowman.
Résumé de l’éditeur : Un rapport d’expédition décrivait le Khili-Khili comme un sommet extrêmement difficile, voire périlleux, mais dont l’ascension n’était pas totalement impossible. Une équipe de sept montagnards aguerris, mais grands amateurs de spiritueux se lance alors dans l’aventure : atteindre le sommet le plus haut du monde… Avec À l’assaut du Khili-Khili, William Ernest Bowman (1911-1985) passe à la moulinette de l’absurde tous les poncifs héroïques du récit d’expédition en montagne, avec une efficacité rarement égalée dans l’art de la parodie. Un chef-d’œuvre d’humour anglais (Jean Rosenthal (traducteur).
La parodie de récit d’expédition est presque un sous-genre de littérature humoristique en soi (VIS COMICA a déjà évoqué ici par exemple L’expédition polaire à bicyclette, de Robert Benchley, et Première ascension népalaise de la tour Eiffel et autres cimes improbables de Pierre Charmoz. Il faut avouer que À l’assaut du Khili-Khili, de William Ernest Bowman peut faire figure de classique du même rang que Benchley. Quoique long, le roman sait aussi… s’arrêter à temps. Et c’est une bonne chose : il eut été dommage que du haut du sommet ça ne finisse par tomber à plat. C’est l’élégance de l’humour britannique qui peut monter très haut en absurdie, mais rester tout en retenue. L’apprentissage de la cordée, sans doute.