Hervé Le Tellier : cartographie de l’humour en littérature (France Culture – vidéo, 1h.)

[Texte de France Culture] Quelle est la place de l’humour dans la littérature ? Dès le XVIIIe et le XIXe siècles, des auteurs comme Marcel Proust, Gustave Flaubert ou Laurence Sterne apportent des notes d’humour dans leurs œuvres par des jeux de mots, des portraits grinçants, du graveleux, des situations comiques.
Dans la Grèce Antique, Aristophane emploie l’humour dans L’Assemblée des femmes (392) dans lequel il raille le pouvoir des femmes et Lysistrata (411) qui met en scène des femmes qui se soulèvent contre la domination des hommes. En France, l’humour apparaît dans la littérature du 18e siècle sous deux formes : la farce et la satire. Tartuffe de Molière en est l’exemple emblématique, son mélange de drame et de comédie sournoise s’inspire d’œuvres littéraires diverses comme L’Ipocrito de l’Aretin et Les Provinciales de Blaise Pascal. Il est également présent dans la forme brève de l’aphorisme employée par Jules Renard et Alphonse Allais. Dans la Grèce Antique, le philosophe Démocrite d’Abdère avait pour habitude de voir le monde avec humour, son rire était un acte de résistance à la folie et à la bêtises des hommes. Par opposition à Héraclite qui combattait la tragédie du monde par la tristesse.

Selon Hervé Le Tellier, l’humour transforme de l’émotion en intelligence. L’humour permet de passer d’un monde dans lequel on sent à un monde dans lequel on pense. C’est un rapport au monde, un état d’esprit qui refuse l’assignation au monde. Il nous enseigne le fait que l’homme est plus que ce que le monde l’assigne d’être.

Une rencontre enregistrée en janvier 2021.
Hervé Le Tellier, docteur en linguistique, écrivain
Raphaëlle Leyris, journaliste au Monde.

La vidéo d’une heure est >> visible ici sur le site de France Culture