Qu’est-ce qu’il m’a pris d’acheter Journal d’un scénario de Fabrice Caro en découvrant qu’il venait d’être réédité en poche (Folio) alors que les précédents opus romanesques de cet auteur m’étaient tous plus que tombés des mains, même pas terminés : j’ignore la raison (peut-être parce que « Fabcaro » est unanimement et de loin cité comme étant The auteur français comique par les lecteurs participant au moindre sondage sur les réseaux)… en tout cas, je dois convenir à ma propre surprise, que je l’ai apprécié ! Cet avant dernier roman à ce jour de l’auteur prolifique de BD est plutôt bon : style, intelligence de l’humour, culture, originalité…. Gageons que, d’un humour plus exigeant que ses premiers livres — celui-ci nous sort en effet du ton stand up de ses précédents — et aux références cinématographiques parfois pointues, il aura connu moins d’accueils enthousiastes. Bien sûr, on devine tout du récit à l’avance, bien sûr on dirait du sous Thomas Gunzig du genre linéaire, bien sûr il aurait pu forcer davantage le trait… Mais il y a de bons moments (comme par exemple deux trois pages excellentes de description effarée d’une scène de télé-réalité). Ce n’est pas le roman humoristique du siècle, loin s’en faut, mais (très) vite lu, plaisant (c’est crunchy, comme ils disent), mais ne prenant pas les lectrices et lecteurs pour des imbéciles ignares, il mérite d’être recommandé ici avec un B (ce serait un C+ en fait) au comicoscore.
Fabrice Caro – EAN : 9782073084774 – 208 pages – Gallimard (03/10/2024)
Résumé de l’éditeur : « On va faire un beau film ! »Depuis que le producteur a validé ainsi son scénario, Boris est aux anges. La magnifique tragédie amoureuse qu’il a intitulée Les servitudes silencieuses verra le jour au cinéma, en noir et blanc, comme dans ses rêves les plus fous. Et tout semble décidément sourire à Boris quand il fait la rencontre d’Aurélie, une jeune femme cinéphile qui se passionne pour le projet. Pourtant le cinéma, comme l’amour, a ses aléas et ses contraintes. Du film d’auteur au navet, il n’y a parfois qu’un pas. Fabrice Caro développe ici son art de l’absurde dans un délicieux crescendo comique.
À noter que dans ce roman il est parfois question de vide-grenier. Un hobby que le sensiblement modeste Fabrice Caro avoue avoir justement, entre autres confessions, dans un très intéressant et touchant Book Club récent de France Culture (18 octobre 2024). > Le podcast est ici